Floozman: épisode initial
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Table des matières |
| 13e partie : Aftermath |
« Avec une abondance scandaleuse, il apporte la délivrance. »
Fred Looseman a été l’évaluateur en chef de risques au Crédit Mondial ainsi que le président de la Commission pour la répression du blanchiment des capitaux. À présent, son travail consiste à réparer les guichets automatiques de banque.
Parfois il entend des voix qui l’émeuvent au point de pleurer. Comme son compte en banque déborde de l’argent de la délivrance, c’est à de tels moments qu’il se transforme en super-héros de la finance : Floozman.
Le capitaine de la police apparaît pendant qu’on emmène la dernière colonne de manifestants menottés. Il accompagne un homme prostré qui marche à petits pas désordonnés.
« Et celui-là, qui est-ce ? » interroge le colonel Moutarde.
« L’identification est en cours. On me dit que c’est un consultant de Wisdom Rock. Nous l’avons retrouvé à moitié à poil dans la lingerie, il est en état de choc. » répond le capitaine.
« Je parie qu’ils l’ont drogué. Oui, c’est ça. C’est assez courant avec la maffia. » Il se tourne brusquement vers le personnel. « Lâchez ces billets, vous autres ! C’est de l’argent sale ! Vous voulez être complices ? »
Les employés reculent.
« Des coupures neuves ! » fait remarquer le capitaine. « Je l’envoie à l’hôpital. »
« Ah, Fred ! » s’écrie Mélanie qui vient d’arriver sur les lieux. « Laissez-le, c’est Fred Looseman, il travaille avec nous. Où étiez-vous, Fred ? Que s’est-il passé sur le fleuve ? Comment êtes-vous arrivé ici ? Vous étiez avec les manifestants qu’on a retrouvés dans l’eau après l’attentat ? »
« Je... je suis venu pour... pas de mort... où sont mes vêtements ? » marmonne Fred.
« Oh là là ! Mon pauvre ami... non, il n’y a pas de morts. C’est très étonnant ».
Fred lève sur elle des yeux rouges et hagards. « Woglinde... je renonce... je suis vieux... »
« Fred, c’est Mélanie... »
« Vous n’avez pas idée... »
« C’est lui ! C’est le dingue ! Faites quelque chose ! » hurle Jean-Pierre en passant entre deux ambulanciers.
« Laissez, celui-là aussi est en état de choc... » dit le capitaine. « Nous devons les hospitaliser... »
« Steven, suivez-les et essayez d’interroger Fred dès que possible ».
« Je me demande comment ils ont fait pour décoller aussi proprement toute les moquettes... et surtout, pour quoi faire ? » dit le colonel en se grattant la tête « Il y a aussi cette momie retrouvée dans la chambre d’une cliente....macabre ! »
Un robot de sécurité et d’analyse de type RSA (Robot de Sécurité et d’Analyse) s’est approché de Mélanie. Il ressemble à un gros aspirateur. « Mélanie... »
« Salut, Nounou. »
« Il en a marre... Le moteur de décision a décidé que nous devons faire quelque chose. Ces forces ne peuvent pas éternellement nous échapper. »
« Oui je sais. Vous voulez que je vous aide, hein ? »
« Tu es un robot, toi aussi, Mel. »
« Non, enfin... si »
* * *
Plus tard, à la maison de repos Glützenbaum vers laquelle les hôpitaux ont dirigé une partie des victimes, Fred prend le thé sous la tonnelle, en compagnie de Mlle Marinella. Le soir tombe sur la route nationale. Il serre dans sa main un coin de la petite couverture duveteuse teintée de bleu et d’orange qui lui protège les jambes.
« Mgnmgnmgnmm... » fait-il en se balançant d’avant en arrière.
« Je ne vous laisserai pas tomber. Je sais qui vous êtes. Je vous aiderai. Je vous attendrai... » lui dit-elle avec ferveur.
« Je...je ne sais plus qui je suis, j’ai peur » répond Fred en articulant péniblement.
« J’ai conservé un peu d’argent magique, Fred. Beaucoup, même. Je vous aiderai à rebondir. Et puis Billitis reste en tant qu’assistante du Directeur des Opérations. Vous aurez la priorité pour un job dans le réseau du Crédit Mondial. »
« J’ai tout oublié ; je ne sais plus rien faire... »
« J’organiserai tout pour votre retour... votre véritable retour, je veux dire » poursuit Marinella. « Mais chut, quelqu’un vient.. »
Le vieux consultant s’approche doucement en laissant traîner ses pantoufles. « Bonjour, je crois que nous nous sommes déjà vus au séminaire de Wisdom Rock. J’étais parmi les otages des insurgés. Voici ma carte.
« Je vous prie de m’excuser pour cette interruption mais je vous ai entendu parler d’organisation. J’ai beaucoup d’admiration pour Mr Looseman et je pense que je peux peut-être vous aider. Je suis un expert en organisation, en formation et en coaching. Je sais ce que rebondir veut dire. Il faut positiver. Avec votre permission, je serais très heureux de vous proposer mes services... »
« Non merci... quoique, laissez-moi réfléchir... Peut-être en effet... J’ai besoin d’une sorte de réseau dormant pour gérer des fonds et préparer un évènement important... »
« J’ai d’excellentes références en matière de performance des réseaux... Si vous pouviez me dire quels sont vos objectifs... »
Mlle Marinella n’a plus beaucoup de temps. Le vieux consultant l’attendrit avec son petit nœud de cravate et son sérieux imperturbable. Sa participation aux évènements récents les rapproche, pense-t-elle.
« Bien...nous verrons. C’est un peu difficile... »
« J’étais dans les cavernes avant l’attentat, vous savez. J’ai vu des choses que je n’aurais pas imaginées auparavant : des nains, un fantôme, des gens emportés dans l’espace par des filins... Je vous le dis à vous : je peux tout entendre... même ce qui n’est pas parfaitement normal... ou légal. » Il lui fait un clin d’œil...
« J’ai votre carte. Je vous contacterai. En attendant, pouvez-vous veiller sur Fred ? »
« Je prendrai soin de lui, je vous le promets ! ».
Fred s’assoupit. « Mbrgmbrl... je reviendrai » marmonne-t-il.
Au grand hôtel, les serveurs préparent le prochain séminaire. Le poids de l’univers n’a pas varié d’une figue.
FIN
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Bertrand Cayzac
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